Tuesday, November 28, 2006

Littérature


Le nouveau roman
On groupe sous l'expression " nouveau roman " des œuvres publiées en France à partir des années 1950 et qui ont eu en commun un refus des catégories considérées jusqu'alors comme constitutives du genre romanesque, notamment l'intrigue - qui garantissait la cohérence du récit - et le personnage, en tant qu'il offrait, grâce à son nom, sa description physique et sa caractérisation psychologique et morale, une rassurante illusion d'identité.
À la tradition réaliste du roman, qui reposait plutôt sur les conventions du récit, les " nouveaux romanciers " opposèrent une autre forme de réalisme, celui qui suggère le déroulement de la conscience avec ses opacités, ses ruptures temporelles, son apparente incohérence. Mais, doublant souvent leur production romanesque de manifestes ou d'analyses théoriques, ils prétendirent donner aussi une nouvelle noblesse au genre en faisant prédominer ses aspects formels ; suivant la formule de Jean Ricardou, le roman devait être moins " l'écriture d'une aventure que l'aventure d'une écriture ".
Une " collection d'écrivains ", une époque
Plutôt que de groupe ou d'école, Jean Ricardou préfère parler, à propos des nouveaux romanciers, d'une " collection d'écrivains ", mus par une même ambition, mais de tempérament et de style fort dissemblables. Il a pourtant contribué au premier chef à l'" illusion de club " qu'il souhaitait dénoncer : son ouvrage Le Nouveau Roman (1973), qui met au jour les recettes plutôt que l'inspiration des nouveaux romanciers, ne retient en effet que sept noms, Michel Butor, Claude Ollier, Robert Pinget, Jean Ricardou, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute et Claude Simon, tous participants du colloque qui se tint à Cerisy-la-Salle en juillet 1971. Pour avoir refusé de se rendre au colloque parce que, dira-t-elle, elle se méfie des a priori théoriques qui empêchent l'écrivain à l'œuvre de se découvrir lui-même, Marguerite Duras s'est, aux yeux de Jean Ricardou, exclue elle-même de la " pléiade ". Alain Robbe-Grillet la considère au contraire comme faisant partie de cette " collection " à laquelle on adjoindrait volontiers Samuel Beckett, voire Jean Cayrol (Le Déménagement , 1956 ; Les Corps étrangers , 1959) ou Claude Mauriac (la suite romanesque Le Dialogue intérieur , 1957-1979 ; L'Alittérature contemporaine , 1958).
En marge des auteurs, un nom fera l'unanimité : celui de Jérôme Lindon, éditeur courageux, directeur des éditions de Minuit, qui accepta au long des années 1950 plusieurs manuscrits de ceux qu'on appellera bientôt les nouveaux romanciers et qui demeurera le meilleur fédérateur du groupe. Dès les années 1960, son catalogue fait presque l'effet d'un palmarès des œuvres du nouveau roman. Les auteurs auxquels il avait fait confiance lui demeureront pour l'essentiel continûment fidèles.
L'expression " nouveau roman " est due à Émile Henriot qui l'employa dans un article du Monde , le 22 mai 1957, pour juger sévèrement La Jalousie d'Alain RobbeGrillet et Tropismes de Nathalie Sarraute. Robbe-Grillet fut, semble-t-il, le premier à reprendre l'appellation à son compte. Mais, réédité en 1957 par Jérôme Lindon, Tropismes datait en réalité de 1939. Nathalie Sarraute avait montré dans ce recueil de textes brefs sa méfiance envers les " caractères " tels que les concevaient les romanciers du XIXe siècle, préférant s'attacher, sous le nom de " tropismes ", à ces " moments indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver ". De cette préférence, elle avait donné une illustration dans Portrait d'un inconnu (1948). Le nouveau romancier perçait chez Claude Simon dans Le Tricheur (1945) ou La Corde raide (1947). Enfin, Molloy et Malone meurt (1951), de Samuel Beckett, où les éléments d'intrigue et les personnages sont réduits à une réalité incertaine, ont précédé de deux ans Les Gommes (1953), de Robbe-Grillet, que l'on a parfois considéré comme le premier nouveau roman.
Un an après qu'Émile Henriot eut donné au nouveau roman son nom de baptême, l'hebdomadaire Arts annonçait la mort du mouvement. " On a toujours contesté son existence, et il est toujours là ", déclarait Robbe-Grillet dans une interview au Monde (22-23 janv. 1984). Des esprits malicieux opposeront que le nouveau roman est mort avec le prix Nobel de littérature décerné à Claude Simon en 1985 ; né dans la contestation, pouvait-il se survivre en étant couronné ? Plus sérieusement, il en va avec les auteurs du nouveau roman comme avec les jeunes romantiques ou le groupe des surréalistes : passé le temps des manifestes, ils se sont épanouis dans des directions différentes, soit qu'ils aient très tôt renoncé au roman (Michel Butor a signé son dernier roman, Degrés , en 1960), soit qu'ils aient expérimenté, tel Robbe-Grillet, les chassés-croisés du langage romanesque et du langage cinématographique (L'Immortelle , 1963 ; L'Éden et après , 1971 ; Glissements progressifs du plaisir , 1974), soit qu'ils aient obliqué vers l'autobiographie. Cette dernière tentation s'interprétera comme un effet de l'âge (la fiction paraît souvent vaine à l'heure des bilans), mais aussi comme un désir de jouer avec les limites du vrai et du faux et de s'interroger sur les pièges de la mémoire : l'illustrent Nathalie Sarraute avec Enfance (1983), Alain Robbe-Grillet avec sa trilogie autobiographique intitulée Romanesques (1985-1994), ou encore Claude Simon dont L'Acacia (1989) dissimule à peine sous le " il " du narrateur une authentique recherche du père et révèle que, depuis L'Herbe (1958), le romancier tissait grâce à la reprise des mêmes thèmes une histoire familiale indissociable de la constitution de son écriture.
Influences, ruptures et manifestes
Le nouveau roman est spécifiquement français, voire parisien (ce qui ne l'a pas empêché de connaître une grande fortune à l'étranger, notamment aux États-Unis). Cette origine se perçoit à l'adjectif " nouveau ", qui a servi, chez nous, d'autres effets de mode. On l'expliquera par la tradition du roman français, réputée pour ses vertus de clarté et pour la priorité qu'elle accorde à la psychologie. Aux pays de Joyce, de Faulkner ou de Virginia Woolf, voire de Musil ou de Kafka, il y aurait eu moins de raisons de rompre tapageusement les amarres. En enrichissant son œuvre d'arrière-plans esthétiques et philosophiques, en raffinant comme nul avant lui sur les nuances de la psychologie, en composant une galerie de personnages qu'on ne saurait réduire à des épiphénomènes ou à des fantasmes issus de la conscience du narrateur, Proust clôt en apothéose le roman du XIXe siècle plus qu'il n'ouvre sur le suivant. Si Nathalie Sarraute et Claude Simon se découvrent, surtout en fin de parcours, des parentés profondes avec son génie à explorer les secrets de la mémoire, il était hors de question qu'ils inventent leur écriture en s'inspirant de sa manière de déployer la phrase, encore moins qu'ils s'exposent à passer, à son exemple, pour les Saint-Simon de leur époque. Si Les Faux-Monnayeurs de Gide racontent l'aventure d'une écriture, celle-ci sert prioritairement une étude psychologique et morale. Plus hardi dans ses innovations de langue, Céline a, dans ses romans, modifié le rythme plutôt que l'ordre du récit. Raymond Queneau serait un meilleur parrain du nouveau roman. Il a lui-même expliqué comment Le Chiendent (1933) avait été organisé en un nombre de chapitres d'emblée soustrait au hasard et suivant une forme cyclique. Soumettant le roman comme la poésie à la loi des nombres, ses recherches formelles trouvent un écho dans La Jalousie , par exemple, où l'obsession des chiffres et la rigueur ostentatoire de la composition n'excluent pas l'humour.
Publiée en 1956, mais composée pour moitié de textes antérieurs, L'Ère du soupçon peut passer pour le premier manifeste avant la lettre du nouveau roman. Nathalie Sarraute n'y revendique guère d'inspirateurs français. Elle analyse comment Kafka a hérité de Dostoïevski plus que de Proust cet univers où " ne reste qu'une immense stupeur vide, un ne-pas-comprendre définitif et total ". Le soupçon naît du moment où les œuvres sont envahies par " un je anonyme qui est tout et qui n'est rien et qui n'est le plus souvent qu'un reflet de l'auteur lui-même ", discréditant le tout-puissant et trop transparent personnage balzacien. Balzac sert pareillement de bouc émissaire à Robbe-Grillet dans Pour un nouveau roman (ensemble d'études écrites entre 1956 et 1963) pour sa dénonciation du personnage romanesque, notion qu'il juge " périmée " au même titre que l'" histoire " ou l'" engagement ". Accordant à Sartre et à Camus le mérite de s'être éloignés, dans La Nausée et L'Étranger , des " types humains " du roman traditionnel, il leur reproche d'avoir néanmoins cédé au besoin d'exprimer une " tragification " de l'univers. Refusant de se poser en théoricien, Robbe-Grillet veut seulement dissiper quelques malentendus : le nouveau roman n'est pas une théorie, mais une recherche ; il est l'aboutissement d'une évolution qui, rompant avec l'ordre balzacien ici encore mis à contribution, s'aperçoit à partir de la description de la bataille de Waterloo par Stendhal ; loin de se désintéresser de l'homme, il ne s'intéresse qu'à lui et à sa situation dans le monde ; alors qu'on le croit épris d'objectivité, il vise à une subjectivité totale, ne propose pas de signification toute faite et ne reconnaît pour l'écrivain qu'un engagement : la littérature.
Six ans avant de sacrifier à l'esprit de chapelle et de système dans son caricatural et narcissique Nouveau Roman , Jean Ricardou avait ouvert d'intéressantes perspectives dans Problèmes du nouveau roman (1967). Les œuvres des nouveaux romanciers y sont analysées à la lumière de notions (la métaphore, la description, la mise en abyme) qui autorisent des parentés plus qu'elles ne marquent de ruptures. Un nouveau roman, écrivait Robbe-Grillet. On pourrait croire qu'en n'encadrant pas, dans son titre, l'expression nouveau roman de guillemets Jean Ricardou s'abstient pareillement de donner des clôtures au mouvement et le juge disponible pour contribuer en profondeur au renouvellement du genre romanesque. Les participants du colloque de Cerisy-la-Salle céderont pourtant à la tentation de se compter et de serrer les rangs.
Nouvelles techniques, nouvelle vision du monde
Les débuts du nouveau roman ne coïncident pas par hasard avec ceux de la " nouvelle vague " (expression employée pour la première fois dans L'Express , à l'automne de 1957, pour désigner une nouvelle génération de cinéastes). Les films de la nouvelle vague présentent entre autres originalités une bande-son où les voix ne sont plus hiérarchisées de manière à permettre une claire écoute des acteurs principaux, mais brouillées, comme dans la vie, l'effet étant souvent accusé par le choix de scènes de rue ou de café ; du moins le spectateur voit -il les personnages et peut-il ainsi les identifier. Donnant non à voir, mais à imaginer, le roman autorise un brouillage plus décisif dont Vous les entendez ? (1972) de Nathalie Sarraute parut offrir un exemple limite puisque les voix qui composent le texte sont entendues au travers d'une cloison. Sans aller aussi loin, les premiers romans de Robbe-Grillet reflétaient une incertitude sur la provenance ou l'interprétation des paroles : dans Le Voyeur (1955), les bribes de conversation saisies ici et là par Mathias ne suffisent pas pour lui permettre de reconstituer l'enchaînement des faits. Aux dialogues du roman traditionnel soigneusement pourvus d'incises, moqués par Nathalie Sarraute dans " Conversation et sous-conversation " (L'Ère du soupçon ), tend à se substituer un concert confus qui obéit à un réalisme plus exigeant, mais reflète aussi une situation permanente d'incommunication.
À défaut de disparaître, le personnage évolue. Nathalie Sarraute intitule un roman Martereau (1953) pour donner ironiquement la vedette à un faux héros qui encombre l'imagination d'un narrateur désoccupé. Mais Léon Delmont, héros de La Modification (1957) de Michel Butor, garde toutes les caractéristiques du personnage traditionnel (âge, physique, profession, situation de famille, etc.), et le " vous " qui le désigne afin de mieux impliquer le lecteur relève de l'exercice d'école. Chez Robbe-Grillet, tandis que Wallas (Les Gommes , 1953) et Mathias (Le Voyeur ) méritent encore, aussi énigmatiques soient-ils, le nom de " personnages ", le narrateur de La Jalousie est réduit à un regard (exceptionnellement à une oreille quand s'élève le chant de l'indigène), et la figure de son épouse, identifiée par l'initiale A., aux traits et gestes qui composent l'obsession du jaloux. Dans La Route des Flandres (1960) de Claude Simon, l'identité du héros, Georges, se dissout au fil du texte au profit des impressions qui enrichissent sa conscience. Si on annexe difficilement les œuvres de Marguerite Duras au nouveau roman, c'est qu'y figurent (voire y reviennent, dans le cas d'Anne-Marie Stretter) des personnages au destin romanesque, fussent-ils (telles Lol. V. Stein ou Emily L.) dotés d'un nom qui trahit un manque : faille de la connaissance que prend d'eux le lecteur, persistance d'un indicible, ou béance de l'être qui débouche sur la folie. Pour l'essentiel, la mise en question du personnage vise en priorité celui qu'une tradition romanesque a souvent imposé comme le premier d'entre eux : le narrateur. À la question " qui parle ? ", qui exprime un trouble sur son identité, a de plus en plus répondu un " ça parle ". Si le je qui donne son impulsion au roman Dans le labyrinthe (1959) de Robbe-Grillet s'abolit bientôt au profit de formes qui s'enchaînent d'elles-mêmes, dans Triptyque (1973) de Claude Simon c'est le paysage d'une carte postale qui, d'emblée, organise le récit. Au-delà de l'exercice littéraire, la fusion du je au sein d'un monde de représentations signifie la mort du héros (dont l'aventure a donné originellement son sens au roman) et peut-être du sujet. Toute conscience est conscience de quelque chose, ont enseigné les phénoménologues. Et si la conscience se réduisait à une hypothèse, déduite des choses elles-mêmes ? Ainsi s'expliquerait l'envahissement du roman par la description, avec, chez Robbe-Grillet, une nette référence aux œuvres de Raymond Roussel.
Le tournant, cette fois, remonte à Flaubert. L'" obstination de la description " valut à Madame Bovary , de la part des auteurs qui se disaient " réalistes ", des reproches qui annoncent étonnamment ceux que fera entendre la critique d'inspiration humaniste aux débuts du nouveau roman. " Chaque rue, chaque maison, chaque chambre, chaque ruisseau, chaque brin d'herbe est décrit en entier [...]. Il n'y a ni émotion, ni sentiment, ni vie dans ce volume " (revue Réalisme , 15 mars 1857). Que dire alors du quartier de tomate, décrit dans Les Gommes jusqu'à la " mince couche de gelée verdâtre " qui engaine les pépins ? Mais, de même que le mobilier ou les arbres signifiaient l'ennui ou le désir d'évasion d'Emma Bovary, les objets des Gommes suggèrent l'œil hagard de Wallas dont la conscience s'anéantit devant les choses. De cette " réification " (Lucien Goldmann), on trouvait des signes dans L'Étranger , où les vis du cercueil dans lequel repose la mère emplissent la conscience de Meursault et lui donnent un sentiment d'absurde. Plus systématique dans le nouveau roman, elle traduit, suivant l'analyse de Lucien Goldmann, le triomphe dans une société de type capitaliste des objets sur la conscience individuelle. On en déduirait trop vite, en dépit de ce que laissent entendre certains nouveaux romanciers eux-mêmes, que le roman y perd toute dimension psychologique. Puisque la jalousie est un sentiment obsédant qui fixe l'attention du sujet sur la main du rival, sur les centimètres qui la séparent de celle de l'épouse, sur la qualité de papier d'une lettre que celle-ci déplie et replie, Robbe-Grillet l'exprime plus richement en s'attachant obstinément à ces détails qu'en formulant, comme l'eût fait un disciple de Paul Bourget, que son héros est jaloux à en mourir. La jalousie n'est pas une donnée initiale (sinon, comme le suggère malicieusement le titre du roman, sous l'espèce d'une fenêtre à travers laquelle on voit sans être vu). Elle se déduit, hypothétiquement, d'images et de sons donnés à voir et à entendre.
Ainsi l'envahissement de la description exprime-t-il, suivant la modernité du projet, la passivité ou l'anéantissement du sujet. Le héros médiéval chevauchant dans la forêt n'y apercevait que des points de repère ou des obstacles à sa conquête. Anti-héros de L'Éducation sentimentale , Frédéric Moreau use ses forces et ses illusions à contempler ces rues et ces salons de Paris que le héros balzacien prenait encore pour un champ de bataille ; mais au moins, chez Flaubert, la description signifiait-elle encore le rêve. Notre époque ayant perdu le goût des amours romantiques et des projets d'avenir, l'espace du nouveau roman devient le lieu d'obsessions sexuelles et d'une plongée parfois morbide dans le passé, confondues dans un roman comme Le Voyeur .
L'intrigue devrait, à ce compte, se dissoudre d'elle-même. Les nouveaux romanciers en jouent, pourtant, plus qu'ils ne l'ignorent. Renouvelant le genre policier (Les Gommes ), proposant des énigmes d'une portée dérisoire (Martereau ), ou employant à chaque paragraphe des temps différents " pour brouiller dès le départ la piste "policière", pour l'annuler ", comme le fait de son propre aveu Robert Pinget dans Passacaille (1969), ils visent à décevoir le lecteur qui s'imaginait candidement que le roman a pour fonction de raconter et de dénouer une histoire. De même, quand s'interrompt l'enquête du narrateur de La Jalousie (menée avec un acharnement que ne soutiendrait aucun détective de profession), ignorons-nous si ses soupçons étaient ou non fondés. L'ère du soupçon est celle d'un soupçon infiniment entretenu. On s'explique ainsi que le roman policier ait offert aux nouveaux romanciers à la fois une mine de thèmes ou de situations, et un contre-modèle : les pulsions de mort et de sexe, qui composent les fantasmes de tout individu moyennement constitué, font en effet l'ordinaire du genre policier, mais elles doivent s'y réaliser en actes pour que tout puisse se dénouer en fin de compte dans l'ordre et la clarté. Le roman policier épouse au reste les exigences de la société en même temps qu'il systématise les habitudes du genre romanesque en général, puisqu'il suppose l'identité de chaque personnage, la stricte attribution à chacun des paroles qu'il a prononcées (les dialogues des romans traditionnels s'apparentent aux procès-verbaux qui sont rédigés dans les commissariats) et, après que sont survenus des événements qui ont dérangé l'ordre établi, le réassemblage de toutes les pièces du puzzle. Brouiller le texte, c'était pour les nouveaux romanciers brouiller l'ordre social ou, pour le moins, montrer qu'il est factice.
La mise en question de l'intrigue engageait une nouvelle conception du temps du récit. Claude Simon déclare en 1972 : " Assez vite (et dans Le Vent j'ai expressément formulé cela dans quelques pages) j'ai été frappé par l'opposition, l'incompatibilité même, qu'il y a entre la discontinuité du monde perçu et la continuité de l'écriture. " Dès ses premiers romans, il a tenté de récupérer au profit de l'écriture le privilège de la peinture d'offrir simultanément les éléments d'un spectacle ; ainsi Le Vent (1957) se présente-t-il comme un essai de reconstitution d'un retable, préoccupation qu'on retrouvera beaucoup plus tard dans Triptyque . Mais quand il confie que, à l'époque où il songeait à La Route des Flandres , " tout se présentait en même temps " à son esprit, il livre la principale source de difficulté de composition de l'ouvrage, dont l'écriture chaotique (mimétique de la débâcle de 1940) rejette l'ordre conventionnel du récit pour se résoudre en " un trajet fait de boucles qui dessinent un trèfle, semblable à celui que peut tracer la main avec une plume sans jamais lui faire quitter la surface de la feuille de papier ". Si l'horaire des chemins de fer de Paris à Rome permet à Michel Butor, dans La Modification , d'articuler le temps et l'espace, il s'agit là, selon son expression, d'une commodité de " grammaire du récit ", qui ne déconcerte pas vraiment le lecteur. Plus troublantes sont l'inexplicable suspension du temps dans Les Gommes ou l'ellipse qui, dans Le Voyeur , serait artificieuse si elle ne signifiait un trou de mémoire ou le refus d'un aveu ; ces trouvailles ont précédé chez Robbe-Grillet une recherche plus formelle : les " séries ", remplaçant les chapitres, apparentent La Jalousie à une composition musicale, avant que La Maison de rendez-vous (1965) ne soit rythmée en séquences inspirées de l'art cinématographique. On ne sait plus, dans ce dernier exemple, si nous sont données à imaginer de " vraies " scènes ou les scènes d'un film qu'on tournerait, question oiseuse puisque tout, dans le texte, est par définition fictif. Ainsi, au temps fragmenté dans lequel nous vivons et que rythment des événements auxquels nous reconnaissons un poids de réalité et d'émotion répond un temps spécifiquement romanesque, qui fait le cas échéant référence à la peinture, à la musique ou au cinéma pour afficher sa nature esthétique, mais dont l'unité est due au seul pouvoir des mots. On dirait parfois que le temps est, pour les nouveaux romanciers comme pour Proust, le vrai sujet de toute œuvre romanesque. Mais, tandis que la recherche proustienne engage gravement l'unité du moi, celle des nouveaux romanciers tend à affirmer, sur un mode volontiers ludique, l'autonomie du texte.
Ébauche d'un bilan
Une réflexion théorique à laquelle s'associa un temps la revue Tel quel (fondée en 1960), avec des articles de Philippe Sollers ou Jean Ricardou, a mis l'accent sur cette autonomie. Mais la fermeté des positions, soutenue par un désir de propagande, a nui plus d'une fois à l'équité des points de vue. Une œuvre n'est-elle pas toujours, pour un écrivain digne de ce nom, l'" aventure d'une écriture " ? Balzac a cherché, comme n'importe quel romancier, à donner une illusion de réalité, mais, si son nom a survécu, c'est parce que (aux termes d'une analyse qui eût certes passé pour du chinois à son époque) les avatars de Vautrin ou d'autres héros de La Comédie humaine reflètent l'acte créateur du romancier.
La particularité des nouveaux romanciers est qu'ils se sont ingéniés à inscrire au sein de la fiction les problèmes de l'écriture, au point que leurs œuvres furent parfois plus contaminées qu'enrichies par leur projet critique. La formule de Georges Raillard, présentant sans intention péjorative un roman de Butor paru en 1956 : " Œuvre didactique, L'Emploi du temps est, néanmoins, un roman ", vaudrait pour bien d'autres. En émaillant le récit de Dans le labyrinthe de " non " qui signalent les pistes auxquelles a renoncé le narrateur, Robbe-Grillet semble enseigner au lecteur (au cas où celui-ci l'aurait ignoré) que l'histoire n'obéit pas à une réalité préexistante, mais à une succession de choix de l'écrivain. Quand il explique comment L'Inquisitoire (1962) a obéi au mécanisme d'une phrase initiale, alors qu'il n'avait au départ rien à dire, Robert Pinget illustre la rafraîchissante réflexion d'Aragon sur les incipit ; mais d'autres nouveaux romanciers ont, à force de schémas, grilles et paraboles, changé leurs œuvres en des réseaux de signes prémédités. On comprend le mouvement de retrait de Marguerite Duras : l'" aventure " lui parut trop corsetée.
Il faut donc considérer comme ironique la déclaration de Claude Ollier à propos de sa trilogie (publiée de 1959 à 1963) : " La Mise en scène est un roman d'aventures coloniales, Le Maintien de l'ordre un roman politico-policier, Été indien un roman d'amour en bandes dessinées " ; de même les initiés savent-ils depuis longtemps que La Bataille de Pharsale (1969) de Claude Simon doit se lire comme une " bataille de la phrase ". Pourtant, La Jalousie a pu être analysée avec pertinence comme un reflet du système colonial, le comptage des bananiers ou des piliers de la maison signifiant l'obsession d'un planteur menacé par l'émancipation des Noirs autant que par celle de sa femme. La Route des Flandres a été récemment, dans un programme universitaire, associée à La Chartreuse de Parme et à La Débâcle de Zola : trois écritures, trois visions de la guerre. On veut bien, avec Jean Ricardou, que les triangles formés par le bikini d'une baigneuse répondent, dans son roman L'Observatoire de Cannes (1961), à d'autres triangles inscrits dans le texte : le nouveau roman survivra moins grâce à ces subtilités que grâce à son pouvoir d'exprimer une mythologie éternelle (mythes d'Œdipe ou du Minotaure lisibles en filigrane dans Les Gommes ou dans L'Emploi du temps ), mais surtout contemporaine, faite de violence et de sexe. Ainsi Robbe-Grillet réinvestit-il par son imagination la " multitude de signes dont l'ensemble constitue la mythologie du monde où [il vit], quelque chose comme l'inconscient collectif de la société, c'est-à-dire à la fois l'image qu'elle veut se donner d'elle-même et le reflet des troubles qui la hantent " (interview donnée à propos de son roman Projet pour une révolution à New York , 1970). De même que la peinture non figurative est encore de la peinture, une écriture qui ne renvoie pas au réel est encore de l'écriture ; mais, par les impasses où ils ont parfois abouti, théoriciens et auteurs du nouveau roman ont prouvé que, dût-il pour demeurer fidèle à sa mission être renouvelé dans ses techniques, le roman perdrait son nom à ne plus être un simulacre du réel.



Explorer l’incertitude
L’oeuvre de Marguerite Duras a suscité, et continue de susciter, de nombreuses polémiques, entre l’admiration et la haine, l’encensement et le sarcasme. Ceci n’est pas étonnant si l’on considère la personnalité provocatrice et rebelle de cet écrivain et la nature de ses écrits, novateurs et exigeants. Duras a travaillé sur plusieurs genres, le roman, le théâtre et le cinéma, son style se prêtant volontiers à l’adaptation, à l’interprétation. L’extraordinaire succès de L’Amant, en 1984 (prix Goncourt, trois millions d’exemplaires, traduit en trente langues), ne doit pas faire oublier que Duras est restée jusqu’à l’âge de 70 ans un auteur assez peu lu, mais qui attirait un public de lecteurs fidèles, séduits par les touches simples et hermétiques d’une écriture qui explore la mémoire, les sentiments, les pulsions, l’amour et la haine, l’ivresse et la mort, le désir, le mensonge et la violence.
Marguerite Duras est née en Indochine, alors une colonie française, son père était professeur de mathématiques à Saigon, sa mère institutrice. Lorsque son père meurt, Marguerite n’a que quatre ans, mais sa mère décide toutefois de rester dans la colonie, avec les deux autres fils. La figure de la mère, courageuse et tenace, prend alors une proportion extraordinaire que Duras honorera plus tard dans au moins deux romans, Un barrage contre le Pacifique (1950) et L’Amant (1984). Duras arrive en France en 1931, à l’âge de 17 ans, où elle poursuit des études de droit et de politique à Paris. Elle demeure dans la capitale durant l’Occupation, de 1940 à 1944.
Alors qu’Un Barrage contre le Pacifique et Le Marin de Gibraltar (1952) observaient une facture romanesque assez classique, c’est avec Les Petits chevaux de Tarquinia (1953) et surtout Moderato Cantabile (1958) que Duras déploie ce style si particulier qui cultive l’ellipse, l’ambiguïté, et l’intuition. Les événements et les décors sont dorénavant réduits au minimum et le dialogue, direct ou indirect, devient un élément fondamental (Le Ravissement de Lol V. Stein, 1964; Détruire dit-elle, 1969). Les hésitations, les reprises nombreuses, les répétitions permettent d’insérer des zones de silence qui se rapprochent de la vérité de personnages incomplets, incertains. Ce niveau d’abstraction et la large ouverture de l’écriture au dialogue (y compris ses absences) ont facilement permis le passage des oeuvres au théâtre (Le Square, 1965; Des journées entières dans les arbres, 1968) et au cinéma (Hiroshima mon amour, 1959; India Song, 1975; Le Camion, 1977).
Au début des années 80, Duras s’oriente vers des oeuvres à caractère plus autobiographique (Les Yeux verts, 1980; L’Amant, 1984; L’Amant de la Chine du nord, 1991). Duras publie en 1993 Le Monde extérieur, puis en 1995 paraît son dernier ouvrage, intitulé C’est tout.
Le Dialogue du Square
Deux voix presque abstraites dans un lieu presque abstrait. C’est cela qui nous atteint d’abord, cette sorte d’abstraction : comme si ces deux êtres qui lient conversation dans un square – elle a vingt ans, elle est domestique; lui, plus âgé, va de marché en marché vendre des choses de peu de valeur -, n’avaient plus d’autre vérité que leur seule voix et épuisaient dans cette conversation fortuite ce qui reste de chance et de vérité, ou plus simplement de parole, à un homme vivant. Il faut qu’ils parlent, et ces paroles précautionneuses, presque cérémonieuses, sont terribles à cause de la retenue qui n’est pas seulement la politesse des existences simples, mais est faite de leur extrême vulnérabilité. La crainte de blesser et la peur d’être blessé sont dans les paroles mêmes. Elles se touchent, elles se retirent au moindre contact un peu vif; elles sont encore vivantes assurément. […] Là, dans le monde simple du besoin et de la nécessité, les paroles sont vouées à l’essentiel, attirées uniquement par l’essentiel, et monotones, par conséquent, mais aussi trop attentives à ce qu’il faut en dire pour ne pas évier les formulations brutales qui mettraient fin à tout.
Maurice Blanchot, Le Livre à venir, 1959


La littérature fantastique

Naissance du fantastique européen
D'Hoffmann à Nodier
De Gautier à Maupassant

De tous temps, la littérature s'est nourrie de récits occultes, de légendes, de contes faisant intervenir la magie, le surnaturel, l'étrange. Au Moyen-Age, on parle de "merveilleux" parfois lié aux questions religieuses, comme dans Merlin de Boron, où se mêle légendes du roi Arthur et imaginaire chrétien, on parle d'ailleurs de "merveilleux chrétien". D'ailleurs cette matière sera reprise par Perrault dans ses contes de fées au XVIIe siècle. Mais la grande différence entre le merveilleux et le fantastique, qui n'apparaît qu'à la fin du XVIIIe avec l'ère industrielle, vient du fait que dans les récits merveilleux, le surnaturel et l'irrationnel sont d'emblée acceptés par le narrateur et les personnages. Alice au pays des merveilles, Le Petit prince appartiennent au domaine du merveilleux.
Dans le fantastique, au contraire, une perturbation irrationnelle apparaît soudain dans la réalité quotidienne, et le doute, l'inquiétude persiste tout au long du récit quant à la nature de cette perturbation. Pour se saisir d'un exemple récent, Les Oiseaux d'Hitchcock, tiré d'une nouvelle de Daphné du Maurier, on ne sait jamais réellement ce que font tous ces oiseaux là, ce rassemblement semble surnaturel et cependant aucune explication n'est fournie.
Jean Bellemin-Noël, dans son Histoire littéraire de France, définit le fantastique ainsi : "Le fantastique vit d'ambiguïté. [...]En lui, le réel et l'imaginaire doivent se rencontrer, voire se contaminer ; de plus, contrairement à tant d'autres fictions, il n'exige à ses mystères aucun éclaircissement, même s'il refuse toute solution rationnelle ou technique.", on peut parler aussi, selon les mots de Nerval de "l'épanchement du songe dans la vie réelle." Si les journalistes parlent aujourd'hui de fantastique à tout va, il faut donc, avant de s'y intéresser plus avant, garder à l'esprit cette différence essentielle entre fantastique et merveilleux. Il ne suffit pas qu'il y ait du surnaturel dans un récit pour que celui-ci puisse être qualifié de fantastique. Il faut que le lecteur ou le spectateur doute toujours de la réalité des événements ou des êtres mis en scène sans pouvoir à aucun moment affirmer qu'il se soit vraiment passé quelque chose de surnaturel. Au XXe siècle, des auteurs comme Lovecraft ou Stephen King chercheront ouvertement à effrayer leurs lecteurs mais un siècle plus tôt en France, les auteurs préfèrent inquiéter, troubler, angoisser leur public sans jamais basculer dans l'effroi, la limite est posée. "Le récit fantastique exprime l'angoisse et le doute du personnage, au moyen de l'indécision de perceptions et de la suspension des significations trop nettes. Celles-ci amènent le lecteur à éprouver un sentiment semblable à celui des personnages, qui peut aller de l'ambivalence devant des interprétations contradictoires jusqu'à une radicale indétermination."2
Pour troubler, nul besoin donc de créatures terrifiantes ou de manifestations tapageuses du surnaturel, le doute porte sur de petits objets comme la longue-vue de "L'Homme au sable" d'Hoffmann par exemple, ou sur la nature trouble de certains personnages : d'apparence humaine, des fées ou des sylphides apparaissent dans une réalité dont on n'est jamais sûr qu'elle n'est pas un rêve. Ce qui est angoissant, ce n'est pas l'existence de l'objet ou de l'être surnaturel mais le doute lui-même, l'indétermination qui en découle. Cette définition que nous proposons d'adopter pour le fantastique français du XIXe ne serait pas forcément pertinente pour l'ensemble de la littérature fantastique : il est difficile, avec ces genres nouvellement étudiés (depuis une cinquantaine d'années pour le fantastique) d'être trop affirmatifs sans limiter sa vision.
Naissance du fantastique européen
Selon les auteurs critiques, on peut faire remonter l'apparition du fantastique à différentes époques, selon qu'on le définit plus ou moins strictement mais les premiers récits où se mêlent de façon étrange le rêve et la réalité, le surnaturel et le naturel, datent du XVIIIe siècle, en France avec Cazotte mais surtout en Grande-Bretagne avec le roman noir, le roman gothique et enfin, à la toute fin du XVIIIe, Frankenstein de Mary Shelley. Nous n'aborderons qu'ensuite l'Allemagne et les Contes d'Hoffmann.
En France, la première apparition du fantastique s'illustre donc à travers l'oeuvre de Cazotte (1720-1792), Le diable amoureux. Cet auteur peut être considéré, avec ce court roman, comme le créateur du genre, quoique l'ambiance surnaturelle y soit peu développée, l'auteur n'a en effet aucune intention de susciter la peur ou l'angoisse chez ses lecteurs comme ce pourra être le cas plus tard. L'intérêt pour lui est l'histoire d'amour de son jeune héros avec une sylphide, Biondetta, dont on ne saura jamais s'il s'agissait d'une créature de songes ou d'une véritable jeune fille. L'auteur se concentre donc sur la peinture psychologique des sentiments du jeune homme. Cazotte influencera cependant fortement Nodier, quelques décennies plus tard.
Dans la seconde moitié du XVIIIe, le roman gothique et ses apparitions surnaturelles se développe en Grande-Bretagne. Ce genre nouveau semble être une réaction au réalisme effréné des romanciers de l'époque (Daniel Defoe et son Robinson Crusoë par exemple) et en 1764, Walpole fait paraître Le Château d'Otrante, que suivront les oeuvres d'Ann Radcliffe et Le Moine de Lewis. "Le roman gothique développe dans le public un goût pour des apparitions horrifiantes et des mises en scène paroxystiques."3 Spectres, fantômes, créatures éthérées se croisent dans ces romans et c'est surtout l'ambiance inquiétante, les décors sombres qui permettent de faire du roman gothique la préhistoire du genre fantastique.
A la limite des XVIIIe et XIXe siècles, parait Frankenstein, le chef d'oeuvre de Mary Shelley, épouse du poète Percy Shelley et belle-soeur de Byron chez qui nous trouvons aussi ces atmosphères inquiétantes. La naissance du fantastique est inséparable de celle du romantisme dans une oeuvre comme celle-ci tout comme dans celles d'Hoffmann. La création et la vie du monstre sont surtout l'occasion de réflexions sur la nature humaine. Le monstre, que nous connaissons si bien aujourd'hui, est un être effrayant, il est vrai, mais surtout il est plein de dégoût pour sa propre existence, ce qui le pousse au crime. Ses pérégrinations et celles de son créateur à sa poursuite sont l'occasion de descriptions magnifiques des Alpes ou des contrées glacées du Nord. La peur est bien présente et même l'effroi à certains moments mais ici comme chez Cazotte, l'existence d'un être surnaturel est surtout l'occasion de présenter l'humanité sous un nouveau point de vue et de la mettre en question. Si l'ambiance de ce roman annonce celles des productions fantastiques françaises, on ne peut cependant pas ériger Frankenstein comme monument représentatif du fantastique. C'est dans la forme courte du conte, et cela chez Hoffmann que nous allons trouver le véritable modèle du fantastique français du XIXe.
Le fantastique en Europe : d'Hoffmann à Nodier
"Si l'on se refuse souvent à voir dans le roman gothique l'origine du fantastique, c'est parce que l'apparition ainsi que la définition du fantastique sont, en France, traditionnellement attachées à l'oeuvre d'Hoffmann."4 Auteur d'un grand nombre de contes dont le plus célèbre est "L'Homme au sable", E.T.A. Hoffmann est surtout un romantique. Et c'est aussi ce titre qui explique l'influence immense qu'il eut en France, surtout après que Madame de Staël eut publié De L'Allemagne, en 1810, un ouvrage consacré aux auteurs germaniques. Les Allemands sont en effet engagés dans l'exploration du monde de la rêverie et Hoffmann avec ses figures d'automate étrangement doué de vie, de miroir ou de chanteuse à la voix miraculeuse les représentent très bien.
La question du double, la présence du diable brouille la frontière instable entre rêve et réalité. Du point de vue stylistique, cela se traduit par des modifications permanentes de points de vue, grâce aux artifices des lettres ou manuscrits de différentes sources. Ainsi, le lecteur navigue entre des points de vue réalistes, objectifs de personnages secondaires et le point de vue du héros principal qui dans le cas de "L'Homme au sable", sombre peu à peu dans la folie. Cela crée une atmosphère des plus inquiétantes et l'on ne sait jamais dans quelle mesure la crise de la subjectivité du personnage transforme le réel. On comprend alors mieux pourquoi Freud s'est emparé de cette nouvelle pour ses travaux psychanalytiques sur "l'inquiétante étrangeté".
A partir de 1829, date de la première publication des Contes d'Hoffmann en français, l'auteur allemand va avoir une influence énorme sur les Français et suscite un grand engouement qui se traduit par la publication croissante d'œuvres fantastiques de tous types. Ce n'est qu'après la découverte d'Edgar Allan Poe par Baudelaire, dans les années 1860, que faiblit cette adulation, qui aura tout de même duré 30 ans. D'autant qu'Hoffmann ne sera pas oublié par la suite : Offenbach met ainsi les Contes en musique dans les années 1880. Balzac, Gautier, Mérimée et même Alexandre Dumas furent touchés par cette influence hoffmanienne ce qui fait du fantastique une expression littéraire dominante.
Autre événement important, un an plus tard, en novembre 1830 : Nodier, qui lui s'est déjà affirmé dans ce genre, fait paraître, dans la Revue de Paris, un article sans précédent sur ce qui sera dés lors dénommé officiellement le fantastique, il est intitulé "Du fantastique en littérature". Ce type de littérature y est présenté comme un refuge, un recours contre "les repoussantes réalités du monde vrai", et en effet, nous l'avons vu, son apparition correspond aux débuts de la société industrielle, et donc au moment où le règne de la raison s'impose à tous grâce aux progrès immenses de la science. Castex5, observe ainsi à propos de Nodier, "l'univers fantastique offre un refuge à tous ceux que déçoit et décourage le siècle nouveau ; il englobe toutes ces contrées où l'imagination des poètes s'aventure, loin des contraintes qu'imposent la raison, l'expérience commune, les moeurs, les règles de l'art ; il répond, en somme, aux impatiences et aux exigences de la génération romantique."
Que ce soit Nodier qui publie cet article n'est pas étonnant quand on sait que c'est lui, qui dés 1821, publie le premier conte fantastique en France, Smarra, rapidement suivi de Trilby en 1822. "[Le fantastique] est l'art de parler à notre imagination en la ramenant vers les premières émotions de la vie, en réveillant autour d'elle jusqu'à ces redoutables superstitions de l'enfance que la raison des peuples perfectionnés a réduites aux proportions du ridicule.6" Considéré comme le chef-d'oeuvre de Nodier, ce conte imprégné de mysticisme et de poésie répond au principe selon lequel nous sommes perpétuellement entre deux mondes.
Le fantastique en europe : de Gautier à Maupassant
Dans le sillage de Nodier, d'abord, puis d'Hoffmann, le fantastique s'est donc développé partout, aussi bien en littérature, puisque outre les auteurs dont nous avons parlé, de nombreux contes d'écrivains moins célèbres s'épanouissent dans les revues, qu'en musique et en peinture. Après 1832 cependant, date à laquelle Nodier publie la Fée aux miettes, c'est un nouveau type de fantastique qui se développe, les récits s'inscrivent plus profondément dans le réel et ne constituent plus tant une échappatoire que la mise en question d'une réalité décevante.
Théophile Gautier (1811-1872), surtout connu pour Le Capitaine Fracasse, qui a obtenu un gros succès en 1863 ou Emaux et camées, a aussi été dans sa jeunesse un auteur fantastique prolifique. Ainsi a-t-il écrit de nombreuses nouvelles fantastiques avec comme thème principal "celui de l'amour rétrospectif, tendant à faire revenir par tout moyens, ceux du rêve, de la rêverie, du magnétisme ou du spiritisme, une morte d'autrefois"7 . Nous sommes donc toujours dans cet étrange rapport entre le rêve et la réalité, ce mélange assez angoissant de réalisme et de surnaturel. A travers ses nouvelles, Gautier utilise l'histoire pour créer un univers à part en s'attachant à des périodes phares : l'Egypte ancienne, la Rome antique, la Renaissance italienne, dont il sait utiliser l'ambiance particulière pour faire basculer le lecteur du réel dans le rêve, à la recherche de la femme merveilleuse, pure expression de la beauté. Le pouvoir du désir seul fait revenir l'aimée disparue et cette fuite hors de la réalité permet un amour sans contraintes. Mais cet amour qui défie le temps et la mort est illusoire et la compensation fantasmatique finit par devenir frustration si elle ne sombre pas l'horreur. On retrouve ces schémas chez d'autres auteurs que Gautier, en particulier Edgar Poe et Villiers de l'Isle-Adam (Véra, L'Eve future).
Mérimée est, lui, surtout connu pour ses récits fantastiques et parmi eux La Vénus d'Ille. On lui a beaucoup reproché son art de la mesure et il est vrai qu'il est plus précis, plus carré, plus clair que Nodier. Les limites du surnaturel sont mieux circonscrites chez lui mais il n'en garde cependant pas le moins angoissant, au contraire, c'est peut-être lui qui soulève le plus efficacement chez ses lecteurs le sentiment "d'inquiétante étrangeté" dont parlera Freud à propos d'Hoffmann. "Nodier fait profession de croire ce qu'il conte ; Gautier construit esthétiquement une histoire; Balzac songe aux extraordinaires virtualités dont l'homme dispose; Mérimée doute." 8
Voila la particularité de Mérimée, il laisse toujours peser le doute et quoiqu'il éclaire les manifestations surnaturelles de ses récits avec objectivité, aucune affirmation ne peut jamais être faite. C'est sûrement Mérimée qui correspond le mieux à la définition du fantastique que nous avons donné en préambule. Enfin, pour finir ce tour de France sommaire9 du fantastique entre 1820 et 1885, parlons de Maupassant, sûrement le plus célèbre avec Poe : "Chez Maupassant, en effet, l'irruption du surnaturel dans le quotidien, s'il inspire la terreur, met surtout en évidence la fragilité psychologique de l'être humain."
Pour finir, le plus intéressant est de laisser parler Maupassant lui-même, tant la qualité de son point de vue définit bien le fantastique à la fin du XIXe avant qu'au XXe ne se développe massivement le "fantastique de la présence" dans lequel le surnaturel se manifeste ouvertement. Lovecraft, Stephen King, Bram Stoker et son Dracula et à sa suite Ann Rice et le cycle d'Entretien avec un vampire méritent un article à eux seuls. Guy de Maupassant, Chroniques, "Le Fantastique", 1883. : "Quand l'homme croyait sans hésitation, les écrivains fantastiques ne prenaient point de précautions pour dérouler leurs surprenantes histoires [...]Mais quand le doute eut pénétré enfin dans les esprits, l'art est devenu plus subtil. L'écrivain a cherché les nuances, a rôdé autour du surnaturel plutôt que d'y pénétrer. Il a trouvé des effets terribles en demeurant sur la limite du possible, en jetant les âmes dans l'hésitation, dans l'effarement. Le lecteur indécis ne savait plus, perdait pied comme une eau dont le fond manque à tout instant, se raccrochait brusquement au réel pour s'enfoncer tout aussitôt, et se débattre de nouveau dans une confusion pénible et enfiévrante comme un cauchemar."
En conclusion, il faut bien reconnaître que le fantastique en tant que genre ne se laisse pas facilement définir, et qu'il s'agit plus d'une notion littéraire dont des auteurs très différents se sont saisis à tour de rôle, pour refléter des angoisses et des peurs liées autant à leur personnalité qu'à des moments de l'histoire bien particuliers. Dans cette perspective, le fantastique est donc à envisager au cœur de toute la littérature de l'étrange, entre le merveilleux et la science-fiction, et surtout en rapport avec le septième art qui de sa naissance avec des films comme Metropolis ou Le Cabinet du docteur Caligari à aujourd'hui avec les adaptations cent fois renouvelées du mythe du vampire et de Frankenstein, s'est abreuvé de la littérature fantastique.

Les écoles artistiques



Définition du mouvement "Baroque" :

Les origines du mot « baroque » sont incertaines. Il proviendrait peut-être du portugais barrocco, qui signifie « perle de forme irrégulière ». Dès la fin du XVIIIe siècle, le terme « baroque » entre dans la terminologie des critiques d’art pour désigner des formes brisées s’opposant à la proportionnalité renaissante (voir Renaissance), comme aux normes antiques reprises par la tendance dite « classique » de la fin du XVIIe siècle, à savoir proportion, harmonie, équilibre et symétrie. Certains historiens d’art, comme Jakob Burckhardt, ont considéré le baroque comme l’expression décadente de l’art renaissant, jusqu’à Heinrich Wölfflin, son disciple, qui a constaté le premier, dans ses Principes fondamentaux de l’histoire de l’art (1915), les différences entre l’art du XVIe siècle et celui du XVIIe siècle, sans toutefois pouvoir catégoriser ces changements.L’art baroque comprend de nombreuses distinctions régionales et recouvre des réalités sociales diverses. L’historiographie récente le reconsidère en l’abordant comme un outil d’expression formel. Elle associe l’art baroque et l’art classique en faisant de la première forme expressive le refoulé de la seconde, et catégorise le tout par le terme de « baroque ». Ainsi, le baroque apparaît comme une relation complexe d’association / répulsion de deux contraires, relation qui se fonde sur un principe dit d’ordre convergent. On opérera un sous-classement ; ainsi, pour définir le baroque allant de 1590 à 1650, parlera-t-on de « plein-baroque » ou de « baroque primitif », et de « classicisme » pour désigner le baroque des années 1650-1750.Les principaux chefs de file du mouvement baroque sont Rembrandt (Hollande), Rubens (Flandres) ou encore Andrea Pozzo (Italie) sans oublier Vermeer même si ce dernier est parfois classé dans les artistes « classiques » par la tradition.

Définition du mouvement "Symbolisme" :

Réagissant contre le scientisme, les symbolistes considèrent que le monde n'est pas réductible à la matière. A travers une esthétique de la suggestion, ils décrivent les signes et les symboles visibles d'un monde mystérieux. Il s’agit plus d’une philosophie que d’un mouvement réel, introduisant mythes et visions oniriques dans l’art. Son principal objectif n’est ainsi pas de figurer le réel immédiat et visible.Cette période du symbolisme se situe dans les dernières années du XIXème siècle (entre 1860 et 1890), Jean Moréas officialisant ce terme en 1886. On considère « L’art poétique » de Verlaine comme texte fondateur.Paul Verlaine, Rimbaud et Stéphane Mallarmé en furent les principaux chefs de file en poésie et littérature, tout comme Gustave Moreau et Klimt dans l’art de la peinture.

Définition du mouvement "Surréalisme" :

Le mouvement « Surréaliste » date de 1924, juste après la première guerre mondiale, année lors de laquelle André Breton publia son « Manifeste au surréalisme ». Cette école a pour particularité de faire appel avant tout au rêve, à l’imaginaire, à la folie et à l’inconscient de chacun. La plupart du temps, un tableau surréaliste est une toile généralement figurative traduisant un rêve de son auteur, rompant ainsi avec le conformisme littéraire pour libérer le langage de toutes les entraves de la morale ou de la conscience. Ce mouvement artistique lutte de ce fait contre les valeurs reçues, libérant l’artiste du contrôle de la raison : rien ne doit être calculé.Ce mouvement a d’abord touché les écrivains et poètes (Breton, Aragon, Eluard), avant de rallier cinéastes, photographes et peintres, tels Magritte, Ernst, Masson et Dali.

Définition du mouvement "Romantisme" :

Apparu tout d’abord dans la littérature vers la fin du XVIIIème siècle en Angleterre (Constable), le romantisme s’étendra sur toute l’Europe durant le XIXème siècle. Le mouvement romantique se base sur le rejet du rationalisme et du classicisme, s’affranchissant de l'étroite réalité et du froid bon sens. On y préfère l’atmosphère propice aux rêves que l’on trouve dans les romans, on aspire plus à l’idéal, aux sentiments, à l’exotisme, au mystère et à l’imagination qu’à la morne existence journalière. La couleur y acquiert un côté symbolique.On retrouvera toutes ces valeurs dans la littérature, la peinture et la musique. Pour l’école française, les élèves du peintre David seront les grands acteurs de ce mouvement, à commencer par Géricault, Delacroix, Gros et Blake.

Définition du mouvement "Rococo" :

Après le déclin du mouvement baroque dans la seconde moitié du XVIII° siècle naît le rococo, principalement en France. A titre de réaction dace au baroque imposé par Louis XIV, le rococo danse, joue, chante et s’exalte. De délicats mélanges de roses, verts et jaunes furent mis en exergue dans des compositions frivoles et d’une surprenante légèreté, rejetant la symétrie et estompant les lignes droites. La grande peinture décorative disparaît au profit de la peinture de chevalet, où la couleur reprend ses droits.Le terme rococo lui-même (qui entra en usage en 1730) est dérivé du mot « rocaille » provenant des ornementations imitant les rochers et les pierres naturelles. Parmi les artistes les plus représentatifs de cette période, on peut citer François Boucher, Jean-Antoine Watteau et Jean- Baptiste Tiepolo. Le style rococo disparut totalement avec la Révolution française en 1789, laissant alors la place au style néoclassique.

Définition du mouvement "Renaissance" :

Le mouvement culturel et artistique de la Renaissance s’étend environ du XIVe siècle au début du XVIIe siècle, avec pour origine l’Italie centrale avant de s’étendre à travers toute l’Europe. D'abord italienne, la Renaissance devient rapidement française puis européenne. Entre le Moyen Age et l’époque classique, la Renaissance se démarque par une profonde remise en question de l’héritage intellectuel, culturel et artistique des siècles précédents.On distingue différentes périodes successives de la Renaissance, à savoir le Trecento (primitifs italiens au XIVe siècle parmi lesquels figure Botticelli), le Quattrocento (XVe siècle) et le Cinquecento (XVIe siècle). Les grandes avancées de cette école sont avant tout à chercher dans les domaines de la perspective et des proportions, la conception nouvelle du portrait comme représentation de l'individu et les débuts du paysage. Au niveau artistique, la voie privilégiée est celle du "naturel", d'une représentation destinée à la profonde "compréhension de la nature".Les artistes liés au style de la renaissance sont fort nombreux, à commencer par les italiens tels Leonard de Vinci, Michaelangelo, Raphaël, Fra Angelico et tant d'autres qui ont fleuri l'ensemble du XVIè siècle.

Définition du mouvement "Naturalisme" :

Le mouvement artistique naturaliste est une école littéraire et artistique du XIXème siècle qui visait à reproduire la réalité objective. Fortement lié à Emile Zola qui est le théoricien de cette école, le naturalisme est un réel système d’analyse et d’explication de la nature, cherchant et montrant la vérité. Les écrivains veulent alors rivaliser avec la science pour décrire toute la nature humaine.Plusieurs peintres furent influencés par cette école en illustrant les tendances naturalistes, lesquelles se développèrent fortement en France entre 1880 et 1890 avec notamment Cormon, L'Hermitte ou Bastien-Lepage.

Définition du mouvement "Impressionnisme" :

Le terme Impressionnisme a pour origine l’anecdote suivante : «Ils le prirent, [le nom d'Impressionnistes], pour relever une injure qui leur était adressée par leurs détracteurs et dont ils se firent leur titre de gloire, comme les révoltés des Pays-Bas s'en firent un de l'injure de «gueux.». Au-delà de cette explication, les peintres rattachés à l’impressionnisme avaient une manière particulière de percevoir la nature, non pas en essayant de rendre parfaitement ce qui est vu par l’œil tel un appareil photo, mais en mettant en exergue la surprise qu’elle suscite et son rayonnement. Les impressionnistes ne se préoccupaient ainsi point de nous donner les détails, préférant à ceux-ci l’impression elle-même. La part issue de la sensation de l’artiste est de ce fait prépondérante. Les repères traditionnels (ombres, contours précis, lignes arrêtées, etc.) disparaissent ainsi, ce qui eu pour conséquence de déconcerter passablement le public d’alors qui ne se priva point de dénigrer ces « impressionnistes ».La part des couleurs revêt quant à elle aussi une importance toute particulière, le peintre cherchant à les rendre aussi riches et vibrantes que possible en les appliquant par couches juxtaposées. Ils mirent ainsi de côté les ombres traditionnelles, se mettant tous à peindre à l’extérieur, face aux couleurs vives et chatoyantes des paysages qui s’offraient à leur vue. On assista ainsi à des colorations inconnues jusqu’alors dans la peinture, rendant la nature d’une manière que l’on était pas habitué à la percevoir, s’attachant à l’impression que produisaient les éléments, le vent, la lumière, le brouillard, la neige,…Parmi les principaux artistes qui s’attachèrent à l’impressionnisme, l’on peut citer sans hésitation Monet, Manet, Renoir, Cézanne, Pissarro ou encore Sisley.

Définition du mouvement "Expressionnisme" :

Débutant lors des années de dépression et jusqu'à l'explosion de la seconde guerre mondiale, l'Expressionnisme véhicule des sentiments d'angoisse et des craintes de violence engendrées à cette époque par le continent européen. L’origine de la mention d’expressionnisme remonte au début du XXè siècle, vers 1910. Ce mouvement a comme principal précurseur Vincent Van Gogh, même si ce dernier est mort avant cette période proprement dite et que ces œuvres soient considérées comme appartenant à l’école impressionniste.L’expressionnisme est avant tout l’art de l’émotion, s’attachant à décrire le monde extérieur dans un langage plus émotionnel que plastique. Vers 1906, un groupe d’artiste connu sous le nom de « Die Brücke » (Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel, Karl Schmidt-Rottluff, Max Pechstein) s’employa à développer l’expressionnisme sous l’influence de Van Gogh. Leurs œuvres dépeignaient avant tout l’inquiétude, les souffrances de l’être humain et le mal de vivre.Une seconde composante de l’expressionnisme allemand sous la forme du groupe « Der Blaue Reiter » s’attacha davantage à la spiritualisation et à l’abstraction des formes, ayant pour chef de file Kandinski.

Définition du mouvement "Cubisme" :

Mouvement artistique employant des nouveaux modes de construction plastique. Les représentations issues de la Renaissance sont maintenant choses du passé. Les oeuvres frôlent parfois l'abstraction. Il s'agit d'une école de peinture autour de Pablo Picasso et Georges Braque, qui proposent de décomposer les objets en couleurs et éléments géométriques simples (cônes, cylindres, et cubes), révolutionnant l’approche du monde visible.Ce mouvement artistique tient le haut de l’affiche entre 1900 et 1914, début de la première guerre mondiale. On peut distinguer trois phases majeurs jalonnant ce mouvement, à savoir la période Cézanienne (entre 1907 et 1909), le cubisme analytique (1909-1912) et le cubisme synthétique (1912 à 1914).

Définition du mouvement "Classicisme" :

La peinture choisit les sujets nobles et de préférence inspirés de l'antiquité ou de la mythologie gréco-latine : la composition et le dessin doivent primer sur la couleur, le concept sur la séduction des sens. C'est en quelques sorte un retour au sources après la période baroque.Les représentants les plus éminents de la peinture de l'époque classique (1650 - 1750) sont Nicolas Poussin, Philippe de Champaigne, Claude Gelée (dit Le Lorrain), Charles Le Brun. Il faut souligner que, si le classicisme est défini en général comme un art dépendant de la volonté absolutiste, les premiers maîtres reconnus du classicisme dans la sphère picturale sont atypiques : Nicolas Poussin et Claude Gelée, dit le Lorrain, ont fait carrière à Rome, quant à Philippe de Champaigne, s'il fut sous Louis XIII et la Régence un peintre proche du pouvoir, son rapprochement du jansénisme persécuté par Louis XIV l'éloigne, à la fin de sa vie, et du souverain et de l'Académie.

Définition du mouvement "Fauvisme" :

Le terme "Fauvisme" date du début du XXè siècle, utilisé alors comme plaisanterie à l'encontre de ces artistes qui avaient recours à de larges aplats de couleurs pures dans la
réalisation de leurs tableaux. Ces peintres, dont ont fait partie Matisse, Gauguin, Derain ou encore Bonnard privilégiaient ainsi la recherche des contrastes de couleurs.En 1905 lors d'une expositions, ces oeuvres provoquent un scandale de par la simplification du dessin et ces curieux contrastes. Finies les compositions classiques, les adeptes du fauvisme se concentrent exclusivement sur la couleur et ce qu'elle peut faire ressentir, comme les émotions.Cette école eu toutefois une durée fort courte : Matisse et ses amis estimant en avoir fait le tour, l'année 1908 marque déjà la fin du fauvisme.